Mode et lifestyle

Coupable

pianisteLa culpabilité. Voilà le sentiment qui prend le dessus sur tous les autres depuis vendredi dernier 21h45 précisément.

Coupable de me sentir tellement impuissante face à cette chose qui n’a rien d’humain.
Coupable d’être à ce point sonnée par les évènements alors qu’aucun de mes proches n’a été touché.
Coupable de me sentir comme une coquille vide et de n’avoir envie que d’une chose : rester dans mon lit.
Coupable d’avoir peur car dans cette salle, à cette terrasse, ça aurait pu être mes sœurs, mon frère, ma mère, mes grands parents, un ou une amie et bien d’autres personnes sans qui je n’imagine pas ma vie.
Coupable de m’être gavée d’images nauséabondes jusqu’à l’indigestion pendant 48h tout en sachant qu’il aurait mieux fallut être dehors et marcher en essayant de penser à autre chose.
Coupable depuis quelques jours, de pleurer pour un oui pour un non et de sentir mes yeux régulièrement s’embuer alors que mes proches parisiens ont été épargné, que j’ai été épargné et que je ne connaissais aucune des victimes.
Coupable d’avoir retweeté des dizaines d’avis de recherche l’espoir au bout de la souris pour découvrir tant d’avis de décès en fin de journée.
Coupable de ne pas avoir les connaissances politiques nécessaires pour débattre intelligemment sur le sujet.
Coupable de ne plus avoir goût à rien, de trouver futiles toutes mes activités du quotidien
et de ne pas trouver les bons mots alors qu’ils sont pourtant mon métier.
Coupable de ne pas vouloir vivre une guerre tant les récits de ceux qui me l’ont racontée m’ont suffit à comprendre qu’il faut tout faire pour l’éviter.
Coupable de savoir que des civils meurent chaque jour sous les bombes en Syrie, en Afrique et ailleurs et qu’il aura fallut ce putain de phénomène du « mort kilométrique » pour me sentir touchée au plus profond de ma chair.
Coupable de ne pas vouloir que ma France ferme ses frontières car sa richesse culturelle est l’une de ses forces mais sans pour autant vouloir qu’elle accueille toute la misère du monde ni qu’elle fasse fi de contrôles rigoureux.
Coupable de ne pas avoir agi comme ce pianiste allemand qui a fait 650 kilomètres pour venir poser quelques notes d’un hymne à la paix et repartir comme il était venu.
Coupable des bouffés d’angoisse qui m’envahissent sans crier gare face à un endroit à un peu trop bondé ou à quelqu’un qui me regarde d’un air patibulaire.
Coupable d’hésiter à renoncer à mon week end parisien à la fin du mois.
Coupable de me sentir en décalage par rapport à certaines personnes qui ont déjà retrouvé le sourire.
Coupable de sursauter au moindre objet qui tombe et ou au moindre son qui ressemble à une explosion.
Coupable de ressentir de la peur à l’idée de prendre le train, de me rendre à un concert prochainement alors que je l’attends depuis si longtemps
Coupable de ne pas trouver le sommeil alors que j’ai encore la vie.
Coupable de me réveiller le matin avec cette sensation de ne pas faire ce qu’il faut pour être digne d’elle. Coupable de la futilité de ce blog, de mon métier, de renouer avec des activités qui auparavant me faisaient plaisir.
Je pourrais encore continuer cette liste de culpabilité tant celle-ci est ancrée au plus profond de moi-même. Mais je vais m’arrêter.
Parce que les centaines de textes et l’énorme élan d’amour et de solidarité que vit notre pays depuis quelques jours ne peut que rebooster. Et aussi parce que j’ai reçu une éducation, que j’ai encore foi en l’humanité et que c’est d’amour que je préfère m’armer.Alors je tâche de me raisonner. Car si je me raisonne, je sais que je ne suis coupable que d’une chose : celle de ne pas profiter de la vie dont ont été, doux euphémisme, injustement privé 129 personnes.

J’en profite pour vous dire que je vous aime, que c’est le moment de dire à ceux que vous aimez que vous les aimez très fort et bien qu’aucun mot ne soit suffisamment réconfortant, que je pense à toutes les personnes qui ont perdu un être cher ou survécut à cette tragédie.
Ici le programme va bientôt reprendre son cours normal pour célébrer la vie, Paris et l’amour. Je ne sais pas encore quand mais il reviendra. Parce que plus que jamais #jesuisParis #jesuisbaguette #jesuispinard #jesuisterrasse #jesuisconcert et surtout #jesuisliberté.

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